Last Girl First ! La prostitution à l’intersection des oppressions sexistes, racistes et de classe n’est pas un simple livre sur la prostitution. C’est une enquête rigoureuse, dense et percutante qui dévoile comment la prostitution s’inscrit dans un système d’oppression structuré, soutenu et perpétué par des dynamiques patriarcales, racistes et économiques.
Fruit de deux ans de recherche menée par CAP International, cette étude s’appuie sur des données issues de 49 pays et donne la parole à plus de 40 survivantes de la prostitution et de la traite à des fins d’exploitation sexuelle. Le résultat est sans appel : loin d’être un “choix”, la prostitution est avant tout une violence institutionnalisée qui cible les plus vulnérables. Un livre essentiel pour comprendre, déconstruire et refuser les mythes qui entourent cette industrie.

Last Girl First – Résumé
Partout dans le monde et à travers l’histoire, les communautés les plus discriminées et marginalisées sont surreprésentées dans la prostitution et l’exploitation sexuelle. La prostitution est un système sexiste et patriarcal qui touche de manière disproportionnée les femmes et les enfants les plus pauvres. Qu’il s’agisse de femmes et de filles dalits en Inde, de communautés autochtones au Canada, de femmes afro-américaines aux États-Unis, de zones rurales en Mongolie, de réfugiés ou de migrants, de victimes de violences sexuelles ou d’appartenance à une minorité ethnique : elles sont toutes les premières victimes de l’exploitation sexuelle économique par des proxénètes, des trafiquants et des acheteurs de sexe.
Thématiques abordées
Last Girl First – Qu’est ce que c’est ?
C’est mettre au premier rang des priorités politique la dernière fille, c’est-à-dire celle qui est discriminée, privée de droits et d’opportunités. C’est un concept créé par Ruchira Gupta, journaliste, professeure et présidente de l’ONG indienne Apne Aap qui travaille avec des victimes de la prostitution et de la traite humaine à des fins d’exploitation sexuelle dans les quartiers rouges des régions du Bihar, de Delhi et du Bengal de l’ouest.
Last Girl First – Mon avis
- J’ai énormément appris en lisant ce livre ! Je ne peux que vous encourager à vous le procurer. Vraiment, foncer l’acheter !
- Ce qui m’a particulièrement marquée, c’est l’ampleur de l’étude : elle ne se limite pas à une seule région du monde, mais s’appuie sur des données issues de nombreux pays. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et révèlent une réalité glaçante : peu importe le pays, la culture ou la religion, les mêmes mécanismes d’oppression et de discrimination systémique se répètent inlassablement.
- C’est un livre qui se structure en 3 parties:
- Chapitre 1. La surreprésentation dans la prostitution des filles et femmes de certaines communautés : autochtones, minorités ethniques, raciales et religieuses, castes opprimées, sans-papiers, migrantes, refugiées, etc.
- Chapitre 2. Présentation des différents facteurs de vulnérabilité : pauvreté, sans-abrisme, expériences de violences sexuelles subies durant l’enfance, orientation sexuelle et identité de genre et addiction aux drogues.
- Chapitre 3. Le plus instructif : présentation de la prostitution comme produit et croisement de plusieurs systèmes de domination : patriarcat, racisme, colonisation, guerre et capitalisme.
- Je me pose une question : comment sensibiliser les hommes à ce sujet ? Soyons réalistes, ce livre sera principalement lu par des femmes. Quant aux hommes peu enclins à remettre en question ces réalités et leurs privilèges, je n’ai plus vraiment d’attentes à leur égard…
Last Girl First – Comment sensibiliser les hommes à ce sujet ?
Parlons de Christophe qui a découvert les bars à danseuses à Montréal et qui, depuis, consomme régulièrement ce “service”. Quand j’ai essayé de lui expliquer qu’il participait à un système exploitant des femmes vulnérables, il s’est empressé de se rassurer avec une litanie d’arguments bien rodés : “C’est légal”, “Elles ont choisi ce métier”, “Si elles sont précaires, alors je les aide”, “Je ne fais rien de mal”, et bien sûr, “Je ne vais même pas jusqu’au sexe, je ne suis pas un porc, moi !” Ah, et cerise sur le gâteau : son employeur lui paie ces danses après les soirées trimestrielles, un “avantage social” qu’il ne peut pas refuser. Mais mon pauvre garçon … tu es rendu bien bas pour donner autant d’arguments pour justifier une danse. Au fond de toi, tu sais déjà que tu as franchi une ligne et que tu ne pourras plus faire marche arrière.
Et puis il y a Albin, Thomas et Aurélien, partis “entre hommes” en Europe de l’Est pour profiter de la bière et des femmes “pas chères”. Bien sûr, leurs copines n’en savent rien, et même si elles ont des soupçons, elles oublient tout au retour, bercées par des demandes en mariage, des bijoux et, plus tard, des enfants. Des naïves ravies. Ils avaient à peine vingt ans et déjà ils se comportaient comme des dégueulasses. C’est d’ailleurs pour cela que le Boys Club est aussi solide .. ils se couvrent, se soutiennent et normalisent ensemble leurs actes abjectes.
Et que dire de mon ex qui n’a pas nié avoir fréquenté le quartier rouge d’Amsterdam ? Vraiment Mathieu, je réitère, tu n’as pas les qualités de l’homme que je souhaite avoir à mes côtés !
Alors comment sensibiliser les hommes ? Franchement, je n’ai plus d’espoir.
Une citation
En réalité, la prostitution n’est précisément pas un travail, mais un système d’exploitation économique et sexuel des plus vulnérables. Les principales victimes sont celles qui sont coupées de l’économie formelle, incapables de vendre leur force de travail et contraintes de vendre la dernière chose qui leur reste : leur corps.
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