Sambre d’Alice Géraud est un livre que j’ai lu par intermittence, étalé sur plus d’un an. Pas par manque d’intérêt, bien au contraire, mais parce que le sujet est lourd, dérangeant, presque suffocant. Il ne s’agit pas d’un simple fait divers, mais d’une succession d’agressions sexuelles et de viols qui ont eu lieu pendant trente ans dans le nord de la France, dans un silence assourdissant. J’ai commencé ma lecture, et très vite, j’ai dû poser le livre, écœurée. Puis, des semaines, parfois des mois plus tard, je l’ai rouvert, lu quelques pages, refermé à nouveau. Un cycle de lecture haché, comme si mon esprit avait besoin de digérer, de reprendre son souffle avant d’affronter la suite.

Sambre de Alice Géraud – Résumé
Sambre . Radioscopie d’un fait divers . Durant trente ans, dans le nord de la France, des dizaines et des dizaines de femmes sont agressées sexuellement ou violées au petit matin de long de la Sambre.. Elles portent plainte. Mais elles ne sont pas toujours crues. Et, pendant toutes ces années, personne ne fait le lien entre ces affaires. En février 2018, « le violeur de la Sambre » est arrêté. C’est un M. Tout-le-Monde, père de famille et ouvrier, apprécié de tous. Comment a-t-il pu commettre autant de crimes, aussi longtemps, sur un si petit territoire, sans jamais être inquiété ?. C’est par cette question que la journaliste Alice Géraud démarre son enquête. Bien au-delà du fait divers, Sambre raconte la manière dont nos institutions et notre société ont traité les victimes d’agressions sexuelles et de viols depuis les années 80 jusqu’à l’ère #MeToo. Ce livre change définitivement le regard..
Thématiques abordées
Sambre de Alice Géraud – Mon avis
- Je ne sais pas vraiment dire si j’ai aimé ce livre ou non. Ce n’est ni un roman, ni une biographie, mais un travail journalistique minutieux.
- Au vu de la thématique, ce n’est pas un livre que je recommanderais à tout le monde. Il faut s’accrocher, vraiment. C’est d’ailleurs pour cela que ma lecture s’est étalée sur plus d’un an. Impossible d’enchaîner les chapitres d’une traite tant le contenu est dur à absorber.
- Ce qui m’a bouleversée, au-delà de l’horreur des crimes relatés avec sobriété (sans sensationnalisme), c’est tout ce qui entoure ces violences et l’échec d’un système : l’inertie de la police et de la gendarmerie, les erreurs absurdes dans les procédures (comme des courriers égarés), le manque de suivi des dossiers, et une absence totale d’empathie de la part de ceux censés protéger. À plusieurs reprises, j’ai dû poser le livre, révoltée.
- Et puis, il y a les victimes. Victimes une première fois du criminel, puis une seconde fois par l’inaction des institutions, par le système judiciaire, par le traitement médiatique, et parfois même par leurs proches.
- Chapitre après chapitre, on découvre ces jeunes femmes brisées, qui, trente ans plus tard, se retrouvent enfin réunies au tribunal, portant ensemble le poids de décennies d’injustices.
Une citation
Trente années ont passé. Trente années de silence qu’elle brise en public à cet instant. Durant ces trente années, elle n’en a parlé ni à son mari, ni à ses enfants. (…) La vie s’est brisée à cet instant, dans un local à poubelle. La vieille dame raconte l’existence d’après : la peur, le repli sur elle-même, l’enfermement. Le refus de l’amour charnel. Le sommeil perdu. De sa toute petite voix, elle dit : “Cet homme a gâché ma vie. Il a tout bousillé”. Sa voix tremble avec son corps. (…) Cette femme de 75 ans est la première des 56 victimes à avoir été entendue au procès de Dino Scala, dit le violeur de la Sambre, qui s’est tenu le 10 juin au 1er juillet 2022 devant la cour d’assises de Douai.
Ma note
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En 2023, la série Sambre est sortie sur nos écrans. Après ça, allons lire Virginie Despentes !
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